Le point Oméga

Si je me trouvais seul au sein de l'univers,
Je m'en consolerais avec de forts breuvages.
Je me dispenserais d'user de mon langage,
Et je me permettrais d'aller tout nu, l'hiver.

Ou je m'habillerais d'épais feuillages verts,
Poussant de temps en temps un hurlement sauvage
Qui ferait déguerpir les bestiaux des parages.
J'exhiberais un ventre énorme et découvert.

Vers le premier Adam mon coeur ferait retour,
Ignorant l'amitié, la tendresse et l'amour,
Confiant dans le soleil et dans la lune claire.

Chantonnant des chansons qui n'auraient pas de mots,
Mâchonnant des poisons pour soulager mes maux,
Je serais en ce monde un roi crépusculaire.

"Chantonnant des chansons qui n'auraient pas de mots,
Mâchonnant des poisons pour soulager mes maux,
Je serais en ce monde un roi crépusculaire."

Alors là j'ai vraiment adhéré à celui-ci. Les phrases m'ont transportées, les images je les ai trouvé saisissantes...
Merci Io Kanaan pour ce joli moment que j'ai vraiment aimé.

Ouais, on pourra écrire les plus jolies métaphores et les plus belles image sur la vie du dernier homme, ça ne masque pas la vérité : tout seul sur terre, qu'est ce qu'on se ferait chier.

Imaginez un peu que le dernier ou la dernière soit écrivain ou écrivaine, plus personne pour la lire, le gros bad quoi, tout simplement. C'est égoïste, ces animaux là, et prétentieux en plus.

Amusante projection...

Tout nu l'hiver, vraiment ? Ca je demande à voir

Et pour les forts breuvages, sans civilisation, ni distillerie, ni rien de la sorte, tu en serais réduit à mâchouiller de la noix de betel, nettement moins efficace qu'un bon J&B.

Ha! j'ai super aimé parce que je suis partie dans mon imagination galopante et oui...

Je demande à voir ce que ça donnerait le

" tout nu l'hiver...."

T'as des poils au moins !!!!

Encore un sonnet qui sonne aussi bien à la lecture que sur l'imagination.

Sylvie

Très évocateur de la condition humaine en fin de compte.
Mâchonnant des poisons pour soulager mes maux,
Je serais en ce monde un roi crépusculaire
J'ai l'impression de les connaître cette tentation et ce sentiment. La foi me sauve.

Nilo, cigüe et curare.

Comme mes amis..transportée .

J'sais pas ce que je ferais mais en tout cas, ça serait pas drole/

Voilà, je viens à nouveau me faire transporter par un sonnet qui ne sonne pas le glas.

MERCI IO

Sylvie

On s'imagine être ce dernier homme, libre et bien obligé de parler à la nature et d'écouter sa nature.
Eh oui ; transportée !

Celui qui soudain comprend à quel point il est seul au milieu des autres,
devient (un peu) ce dernier des hommes.

l'enfer c'est l'autre ...
"l'autre est celui qui se souvient "

L'enfer c'est parfois l'autre.

Mais la solitude absolue, c'est difficile à imaginer. Je pense qu'en pareil cas je me fabriquerais des hétéronymes que j'appellerais Snowman, Cochonfucius et Thunderbird, pour me créer une illusion d'altérité qui cependant préserve mon ego.