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Un tsunami qui vous veut du bien.
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Sylvie
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Nicolas Gleyze
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Ratoune
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Macadam :: MacadaTextes :: Théâtre
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Un tsunami qui vous veut du bien.
Note aux lecteurs : La technique du scan étant ce qu'elle est, imperméable à mes efforts, je retape donc ce texte de 6 pages. Bien entendu par respect pour vos yeux, et surtout par paresse je n'en tape que deux par jours. Ce sera donc feuilletonnesque à l'ancienne.
Nous avons joué ce texte en 2007. Marie était la voix 1, moi la 2, Cédric l'homme et Emilie la femme. Musique Tango Project et la Madrague.
Voix off dans un salon. Ambiance début de soirée. Rires. Pénombre. Deux silhouettes entrent, traversent la salle en bavardant. Elles portent un loup noir et un petit chapeau melon de carnaval.
Musique Tango.
Elles s’asseyent.
Voix 1 : J’allais le dire, tout ça semble si brutal. Si…inattendu. Comme imprévisible…
Voix 2 : Et lui, quel changement ! J’ai hésité à le reconnaître ! Méconnaissable !
Voix 1 ( sèche) : Oui, bon d’accord, mais d’autres n’en sont pas revenus.
Voix 2 : Nous non plus d’ailleurs…Elle en revanche, comme si de rien n’était, la même en moins bien…Mais elle a toujours été moins…Tandis que lui, ce côté…Tu me sers un verre ?
Entre un homme mal rasé, tenue de baroudeur fripée ; il porte une pile de feuilles, quelques unes tombent derrière lui, une femme le suit, elle ramasse les feuilles ; tenue bobo. Tous deux ont l’air las. Lui, lunettes de soleil sur le front, serre des mains dans le vide, ils semblent ailleurs et sourient à peine. Elle se tient légèrement en retrait, lui ne regarde personne.
Ils s’asseyent devant le public, regard au loin. Lui devant, elle derrière un peu. Elle regarde les plis de sa jupe.
Voix 1 : Ben dis donc, vous en faites une tête !
Voix 2 ; Chut, tu vois bien qu’ils ont l’air crevés.
Voix 1 : Avec Annie on vous a vus à la télé samedi soir cher Rognon. Je trouve que vous vous en êtes sortis REMARQUABLEMENT.
Voix 2 : Surtout face à ce Rognon qui ne ménage personne !
Voix 1 : Je le connais, c’est un charmant garçon avec de l’abat ! ( rires ) Mais c’est vrai vous vous en êtes bien sortis, surtout toi ! Quelle audace quand tu lui as répondu du tac au tac…( un temps ) tu vois ?
L’homme : Pas vraiment, mais si tu le dis…
Voix 1 : Si, si au moment où il t’a demandé : alors, qu’avez-vous ressenti devant ce drame exceptionnellement extraordinaire ? tu as répondu très digne devant les caméras : de la peur, tout simplement de la peur ( l’homme répétera les mots avec la voix off yeux au ciel )…
L’homme : Je ne me souviens pas…
Voix 1 ( rires ) Il ne se souvient pas, non mais vous l’entendez ? Il ne se souvient pas ! Il cloue le bec à Rognon et il ne s’en souvient pas ! Mais mon vieux tu es le premier et sans doute le dernier…
Voix 2 ( agacée ) : Oui bon d’accord, il a cloué le bec de Rognon mais l’essentiel tout de même c’est qu’il ait pu vendre son bouquin sur la catastrophe non ? Au fait, c’est vrai que tous les bénéfices de la vente iront aux orphelins victimes de cet imprévu ?
Voix 1 ( grave ) : Tu plaisantes j’espère, les orphelins n’ont pas besoin d’argent dans ces pays, il leur faut juste de quoi manger.
Voix 2 ( rires ) : Comme tu y vas ! Ces enfants ont besoin d’aller à l’école et…
Voix 1 ( en colère ) : C’est des conneries, l’argent qu’ils reçoivent est détourné par les seigneurs de la guerre ou les chefs de tribu. C’est des pays où il ne faut rien envoyer, tu ne leur rends pas service, au contraire, tu les maintiens dans la dépendance néo-colonialiste. C’est vrai ou pas ?
L’homme ( ton las ) : Je pense que tu es mal informé comme beaucoup parmi nous, si nous avons écrit ce témoignage c’est justement pour que vous sachiez ce qui est arrivé réellement…
Voix 2 ( excitée, battant des mains ) : C’est vrai ça, raconte, comment ça s’est passé ? Réellement passé en direct !
Noir. Deux mains allument des lampes de chevet placées près du couple.
La femme : Bêtement, c’est arrivé bêtement ( un temps, tête entre les mains, musique en bruit de fond, vagues et mouettes ) Nous devions aller à la plage comme tous les matins et il a oublié son huile solaire dans la chambre de l’hôtel.
Nous avons joué ce texte en 2007. Marie était la voix 1, moi la 2, Cédric l'homme et Emilie la femme. Musique Tango Project et la Madrague.
Voix off dans un salon. Ambiance début de soirée. Rires. Pénombre. Deux silhouettes entrent, traversent la salle en bavardant. Elles portent un loup noir et un petit chapeau melon de carnaval.
Musique Tango.
Elles s’asseyent.
Voix 1 : J’allais le dire, tout ça semble si brutal. Si…inattendu. Comme imprévisible…
Voix 2 : Et lui, quel changement ! J’ai hésité à le reconnaître ! Méconnaissable !
Voix 1 ( sèche) : Oui, bon d’accord, mais d’autres n’en sont pas revenus.
Voix 2 : Nous non plus d’ailleurs…Elle en revanche, comme si de rien n’était, la même en moins bien…Mais elle a toujours été moins…Tandis que lui, ce côté…Tu me sers un verre ?
Entre un homme mal rasé, tenue de baroudeur fripée ; il porte une pile de feuilles, quelques unes tombent derrière lui, une femme le suit, elle ramasse les feuilles ; tenue bobo. Tous deux ont l’air las. Lui, lunettes de soleil sur le front, serre des mains dans le vide, ils semblent ailleurs et sourient à peine. Elle se tient légèrement en retrait, lui ne regarde personne.
Ils s’asseyent devant le public, regard au loin. Lui devant, elle derrière un peu. Elle regarde les plis de sa jupe.
Voix 1 : Ben dis donc, vous en faites une tête !
Voix 2 ; Chut, tu vois bien qu’ils ont l’air crevés.
Voix 1 : Avec Annie on vous a vus à la télé samedi soir cher Rognon. Je trouve que vous vous en êtes sortis REMARQUABLEMENT.
Voix 2 : Surtout face à ce Rognon qui ne ménage personne !
Voix 1 : Je le connais, c’est un charmant garçon avec de l’abat ! ( rires ) Mais c’est vrai vous vous en êtes bien sortis, surtout toi ! Quelle audace quand tu lui as répondu du tac au tac…( un temps ) tu vois ?
L’homme : Pas vraiment, mais si tu le dis…
Voix 1 : Si, si au moment où il t’a demandé : alors, qu’avez-vous ressenti devant ce drame exceptionnellement extraordinaire ? tu as répondu très digne devant les caméras : de la peur, tout simplement de la peur ( l’homme répétera les mots avec la voix off yeux au ciel )…
L’homme : Je ne me souviens pas…
Voix 1 ( rires ) Il ne se souvient pas, non mais vous l’entendez ? Il ne se souvient pas ! Il cloue le bec à Rognon et il ne s’en souvient pas ! Mais mon vieux tu es le premier et sans doute le dernier…
Voix 2 ( agacée ) : Oui bon d’accord, il a cloué le bec de Rognon mais l’essentiel tout de même c’est qu’il ait pu vendre son bouquin sur la catastrophe non ? Au fait, c’est vrai que tous les bénéfices de la vente iront aux orphelins victimes de cet imprévu ?
Voix 1 ( grave ) : Tu plaisantes j’espère, les orphelins n’ont pas besoin d’argent dans ces pays, il leur faut juste de quoi manger.
Voix 2 ( rires ) : Comme tu y vas ! Ces enfants ont besoin d’aller à l’école et…
Voix 1 ( en colère ) : C’est des conneries, l’argent qu’ils reçoivent est détourné par les seigneurs de la guerre ou les chefs de tribu. C’est des pays où il ne faut rien envoyer, tu ne leur rends pas service, au contraire, tu les maintiens dans la dépendance néo-colonialiste. C’est vrai ou pas ?
L’homme ( ton las ) : Je pense que tu es mal informé comme beaucoup parmi nous, si nous avons écrit ce témoignage c’est justement pour que vous sachiez ce qui est arrivé réellement…
Voix 2 ( excitée, battant des mains ) : C’est vrai ça, raconte, comment ça s’est passé ? Réellement passé en direct !
Noir. Deux mains allument des lampes de chevet placées près du couple.
La femme : Bêtement, c’est arrivé bêtement ( un temps, tête entre les mains, musique en bruit de fond, vagues et mouettes ) Nous devions aller à la plage comme tous les matins et il a oublié son huile solaire dans la chambre de l’hôtel.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Vraiment sympa Ratoune de t'etre donné du mal à recopier tout ça ! ^^
Merci beaucoup!
J'y reviens un peu plus tard (pas encore eu le temps de lire) mais deja merci!
Bisou à Zette
Merci beaucoup!
J'y reviens un peu plus tard (pas encore eu le temps de lire) mais deja merci!
Bisou à Zette
_________________
LaLou
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Je trouve que ça comm... Suite du commentaire au prochain épisode
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
...tan tan tan....
on attend la suite !
^^
on attend la suite !
^^
_________________
LaLou
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
L’homme ( commençant à chercher ) : Oui, parce que sans protection 80 on crame sous ses latitudes, surtout quand on n’est pas habitué, qu’on vient de l’hiver, qu’on a la peau fragile des gens d’ailleurs…( il va et vient dans la pièce, ouvre, ferme des tiroirs, nerveux ; se dirige vers un placard, penderie )
Voix 1 : C’est terrible je sais, l’année dernière en…les enfants ont…
La femme : Il fait un temps superbe de carte postale. Elle se lève, rêveuse, regarde par la fenêtre ; l’homme se fige, tête au dessus de la porte du placard face au public ).
Une chaleur équatoriale, tropicale humide, un soleil de dépliant sans un nuage. Par la baie vitrée je peux voir l’océan, si plat…si plat…Un lac…Des enfants courent sur le sable…J’entends leurs rires…Nous sommes seuls, lui et moi. Il porte son short bleu-marine, j’ai mis ma petite robe unie coton-lin 100% biodégradable assortie à mes sandales…Une folie…Enfin…Nous avons fait l’amour. Il est heureux. Détendu.
Ton pratique : Il faut dire que nous avons négocié ce séjour depuis des mois. Nous voulions en profiter au maximum. Surtout en cette saison, des tarifs incomparables…Il hésitait. Les clients, les commandes importantes à honorer…
C’était un voyage de retrouvailles en hiver. Une dernière chance qu’on ne laisse pas passer sinon…Il n’est plus temps ensuite. ( silence )
Voix active : Nous prenons nos sacs, je ferme la chambre à clef…Nous descendons…Dans le hall il s’aperçoit qu’il a oublié ( elle hésite, fouille dans son sac ) Nous remontons dans la chambre et…c’est à ce moment-là que j’ai entendu des cris.
L’homme remet la tête dans le placard et continue de s’agiter en rythme )
Voix 1 : Des cris ?
Voix 2 : Des cris comment ?
La femme : Des cris de terreur. Et comme un bruit sourd ( elle laisse tomber son sac )
Voix 1 ( excitée ) Quelle horreur ! Ces cris de terreur me rappellent un film d’épouvante des années 70.
Voix 2 : Bon cru pour l’horreur les années…
Voix 1 : Surtout les Italiens, quel talent !
Voix 2 : Quels « monstres » ! Tiens celui qui…Comment déjà ?...Tu te souviens ?
Pendant que les voix évoquent le nom de cinéastes, la femme se fige
La femme : Des cris, encore des cris terribles, de tout côté !
L’homme ( se coinçant le doigt dans la porte du placard ) Aïe !
Voix 1 : C’est terrible je sais, l’année dernière en…les enfants ont…
La femme : Il fait un temps superbe de carte postale. Elle se lève, rêveuse, regarde par la fenêtre ; l’homme se fige, tête au dessus de la porte du placard face au public ).
Une chaleur équatoriale, tropicale humide, un soleil de dépliant sans un nuage. Par la baie vitrée je peux voir l’océan, si plat…si plat…Un lac…Des enfants courent sur le sable…J’entends leurs rires…Nous sommes seuls, lui et moi. Il porte son short bleu-marine, j’ai mis ma petite robe unie coton-lin 100% biodégradable assortie à mes sandales…Une folie…Enfin…Nous avons fait l’amour. Il est heureux. Détendu.
Ton pratique : Il faut dire que nous avons négocié ce séjour depuis des mois. Nous voulions en profiter au maximum. Surtout en cette saison, des tarifs incomparables…Il hésitait. Les clients, les commandes importantes à honorer…
C’était un voyage de retrouvailles en hiver. Une dernière chance qu’on ne laisse pas passer sinon…Il n’est plus temps ensuite. ( silence )
Voix active : Nous prenons nos sacs, je ferme la chambre à clef…Nous descendons…Dans le hall il s’aperçoit qu’il a oublié ( elle hésite, fouille dans son sac ) Nous remontons dans la chambre et…c’est à ce moment-là que j’ai entendu des cris.
L’homme remet la tête dans le placard et continue de s’agiter en rythme )
Voix 1 : Des cris ?
Voix 2 : Des cris comment ?
La femme : Des cris de terreur. Et comme un bruit sourd ( elle laisse tomber son sac )
Voix 1 ( excitée ) Quelle horreur ! Ces cris de terreur me rappellent un film d’épouvante des années 70.
Voix 2 : Bon cru pour l’horreur les années…
Voix 1 : Surtout les Italiens, quel talent !
Voix 2 : Quels « monstres » ! Tiens celui qui…Comment déjà ?...Tu te souviens ?
Pendant que les voix évoquent le nom de cinéastes, la femme se fige
La femme : Des cris, encore des cris terribles, de tout côté !
L’homme ( se coinçant le doigt dans la porte du placard ) Aïe !
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
La femme ( affolée ) : Attention, attention elle arrive ! Sauvez-vous ! Au secours ! Maman !
L’homme ( suçant son doigt ) : Aïe ! Chérie, tu n’as pas vu ?
La femme ( voix de plus en plus mécanique ) : Pas vu ? Je ne sais pas, cherche dans le tiroir…A gauche…Ou…Tu as entendu ces cris ?
L’homme ( agacé ) : Vous allez voir, elle va dire que j’égare tout.
La femme ( lasse ) : Tu égares tout…Les cris, tu as entendu les cris ?
L’homme ( soupir ) : Et voilà, comme d’habitude ! ( il monte sur une chaise comme pour chercher plus haut ) Non, je n’égare rien, simplement j’oublie…Je regarde et j’oublie à moins que ce ne soit l’inverse…Des cris ? Quels cris ?
La femme ( regard ailleurs ) : Et la salle de bains, tu as regardé dans la salle de bains ?
L’homme : C’est fait, tu penses bien…La salle de bains, le premier endroit…( changeant de voix brusquement ) C’est incroyable tout de même que tu ne trouves pas !
La femme : Que je ne trouve pas quoi ?
L’homme ( redescend de la chaise, fouille au sol ) Ce que je cherche voyons ! Ce que tu peux être par moment, ce manque d’intérêt à mon égard ! Je vais cramer et on dirait que tu t’en fous…Et puis je ne vois pas de quoi tu parles, je n’ai rien entendu. C’est comme si je n’existais pas.
La femme effrayée se dirige vers la porte pendant que l’homme allongé semble au bord des larmes. : Soudain, je n’entends plus ce qu’il dit ; on frappe, je crois que c’est le garçon d’étage, il nous demande de partir de toute urgence, il y a un problème dans l’ascenseur ( regard derrière elle ) Oui, oui, je vais le lui dire, bien sûr, bien sûr, tout de suite, merci beaucoup…Il disparaît emporté par quelque chose que je ne distingue pas ( elle se soulève sur la pointe des pieds, tend le cou vers les coulisses puis se tourne vers l’homme ) Il y a un problème…
L’homme ( à quatre pattes se relevant avec difficulté ) Un problème ? Quel problème ?
La femme ( froide ) : Un problème grave, il faut descendre.
L’homme : Pas avant que j’aie retrouvé mon huile !
La femme ( ramassant quelques affaires à la hâte ) : Il y a de l’eau dans les ascenseurs !
L’homme ( poursuivant ses recherches vaguement ) : Qu’est-ce que tu racontes ?
La femme ( agacée ) : Je te dis qu’il y a trois mètres d’eau dans les ascenseurs et que si nous ne partons pas tout de suite nous allons mourir noyés !
L’homme ( éclat de rire avec es voix 1 et 2 ) : Noyés ! Il faut toujours que tu dramatises, trois mètres d’eau dans les cabines d’un hôtel quatre étoiles ! Tu es incroyable quand tu t’y mets…Il continue de remuer vaguement des serviettes tout en marmonnant : Peuh, de l’eau dans les ascenseurs ! Trois mètres…Partir…Dramatise, dramatise tout ces bonnes femmes…
La femme( voix aiguë ) : Je ne dramatise pas, il faut sortir, sortir tout de suite, là, là ( elle court ) par la terrasse. L’homme s’arrête.
Les voix 1 et 2 : Houlala par la terrasse ? Mais vous étiez à quel étage ?
La femme ( tenant l’homme par la main monte sur une chaise ) Au deuxième…
Voix 1 et 2 : Mais comment ?
L’homme et la femme : On a sauté…Sans réfléchir…Sauté. ( ils sautent de leur chaise )
L’homme ( transfiguré s’avance vers le public pendant que le femme reste en arrière ) : Et j’ai vu…j’ai vu…Tous ces frigos qui flottaient, c’était hallucinant…Imaginez…Imaginez une centaine de frigos blancs sur l’eau, ventre à l’air comme des bateaux ouverts ( il tourne sur lui-même ) et tous ces minis-bars…Remplis ! Nous, on nageait au milieu
Les deux personnages font le tour de la scène en nageant, grands mouvements de bras, lui souriant, elle plus grave.
Ils n’avaient même pas coulé, c’est fou non ? ( il s’arrête face au public )
La femme : Nager, c’est vite dit…On se cognait partout, tout était si froid, si sombre ( elle frissonne et croise les bras pour se protéger )
L’homme : Surréaliste ! Enfin, on s’en est bien sortis, je me suis accroché à une machine à laver et vogue ( il s’installe à califourchon sur sa chaise et tournera le dos au public pendant que la femme s’avance sur le devant de la scène, l’air égaré )
La femme : Les secours sont arrivés, je ne sais pas au bout de combien de temps, une éternité peut-être ( elle regarde autour d’elle ) Un hélicoptère, une ONG française, je crois, la Croix Rouge alors ?
L’homme ( sans se retourner ) : Mais non, c’était Médecins sans Frontières ! J’ai reconnu…
La femme ( voix aigre ) : Tu n’as rien reconnu du tout, tu étais assommé la tête dans la cuve !
Voix 1et 2 : Eh bien, pour un représentant en textiles, c’est ce qui se s’appelle être lessivé ( rires )
Voix 1 ( méchante ) : Ce n’est pas dans ton livre cet épisode, et tu ne l’as pas dit à Rognon samedi, petit cachottier.
Voix 2 ( même ton ) : Ce sera l’émotion sans doute ? Dame, c’est pas tous les jours qu’on flotte dans un tambour battant ! ( rires )
L’homme ( se redressant, comme piqué, dos au public ) : Il ne m’a rien demandé, et puis on n’est pas obligé de tout raconter. L’important était de présenter notre témoignage sur les événements, d’apporter notre vécu, notre vécu quoi merde ! ( se retournant vers les voix ) Et puis, qu’est-ce que ça peut bien vous faire, vous n’y étiez même pas !
Voix 1 et 2 ( rires moqueurs ) : C’est sûr. On n’a pas le temps et les moyens de partir dans les îles pour rafistoler notre couple qui prend l’eau ( rires ) On travaille nous, on travaille !
L’homme ( indigné ) : Mais moi aussi je travaille ! C’est elle qui a voulu partir.
Voix 1 et 2 : Oh, oh, mais c’est que monsieur le prend de haut depuis qu’il a connu un tsunami ! Sûr que c’est pas à Lesquin qu’on voit un raz de marée, ou alors basse la marée ( rires )
La femme ( abattue ) : Mais on a vu des cadavres, tellement…morts.
L’homme et la femme resteront immobiles pendant l’intervention des voix
Les voix ( excitées, à tour de rôle ) : Nous aussi, dans les magazines ! En couleur, en direct même ! Pas la peine d’aller à des milliers de kilomètres pour vivre des sensations fortes…Suffit de rester chez soi, d’ouvrir…
Voix 2 : Je trouve même que c’est plus impressionnant en image, plus authentique ; quand j’ai vu un bras et un tronc tordus, ça m’a donné la chair de poule, je vous jure, j’en avais des frissons partout.
Voix1 ( battant des mains ) : Moi aussi, moi aussi, partout. Et, tu l’as vue celle du gosse tout gonflé ? J’ai failli pleurer, j’étais pas préparé…
Voix 2 ( plus fort ) : Moi, c’est la femme étendue sur le sable, atroce ! Dans ce maillot de bain…
Voix 1 ( hystérique ) : Ah oui, le maillot de bain !...Elle, violette, le maillot rouge, ça jurait…( un temps ) Pour moi, le pire c’est la photo de la maison détruite, tous ces efforts pour rien.
Voix 2 : Pour rien, la vie n’est pas juste
Voix 1 : Les catastrophes non plus
Voix 2 : En même temps ils construisent un peu n’importe où, faut pas s’étonner…Tout ça pour les touristes hein ? Parce qu’eux, deux planches, un peu de boue et c’est bon…
Voix 1 : Moi je dis que c’est la faute de…Qui s’ennuient l’hiver…Et qui en profitent pour recoudre leur…Au bord de la mer…
Voix 2 : Pas que, pas que…L’hiver oui, mais le dérèglement climatique de l’effet de serre des gaz carbonisés, l’effondrement des banquettes polaires ( les voix ensemble ) la pollution des excès de la vache du Nord arrogant, et la pandémie du terrorisme des mouches secrètes et les moustiques du reste que l’on ne connaît pas, et le reste ! Le reste ! Tout le reste qui reste encore sur nos restes ! ( elles se lèvent, s’éloignent, le couple se lève à son tour, ramasse les feuilles au sol et sort. On entend la Madrague dans le noir.
Décembre 2004, mars, mai, juin, septembre,octobre 2006, février 2007, avril 2010.
Merci aux copains qui ont mis ce texte en bouche, et merci aux lecteurs de Macadam qui le liront peut-être.
L’homme ( suçant son doigt ) : Aïe ! Chérie, tu n’as pas vu ?
La femme ( voix de plus en plus mécanique ) : Pas vu ? Je ne sais pas, cherche dans le tiroir…A gauche…Ou…Tu as entendu ces cris ?
L’homme ( agacé ) : Vous allez voir, elle va dire que j’égare tout.
La femme ( lasse ) : Tu égares tout…Les cris, tu as entendu les cris ?
L’homme ( soupir ) : Et voilà, comme d’habitude ! ( il monte sur une chaise comme pour chercher plus haut ) Non, je n’égare rien, simplement j’oublie…Je regarde et j’oublie à moins que ce ne soit l’inverse…Des cris ? Quels cris ?
La femme ( regard ailleurs ) : Et la salle de bains, tu as regardé dans la salle de bains ?
L’homme : C’est fait, tu penses bien…La salle de bains, le premier endroit…( changeant de voix brusquement ) C’est incroyable tout de même que tu ne trouves pas !
La femme : Que je ne trouve pas quoi ?
L’homme ( redescend de la chaise, fouille au sol ) Ce que je cherche voyons ! Ce que tu peux être par moment, ce manque d’intérêt à mon égard ! Je vais cramer et on dirait que tu t’en fous…Et puis je ne vois pas de quoi tu parles, je n’ai rien entendu. C’est comme si je n’existais pas.
La femme effrayée se dirige vers la porte pendant que l’homme allongé semble au bord des larmes. : Soudain, je n’entends plus ce qu’il dit ; on frappe, je crois que c’est le garçon d’étage, il nous demande de partir de toute urgence, il y a un problème dans l’ascenseur ( regard derrière elle ) Oui, oui, je vais le lui dire, bien sûr, bien sûr, tout de suite, merci beaucoup…Il disparaît emporté par quelque chose que je ne distingue pas ( elle se soulève sur la pointe des pieds, tend le cou vers les coulisses puis se tourne vers l’homme ) Il y a un problème…
L’homme ( à quatre pattes se relevant avec difficulté ) Un problème ? Quel problème ?
La femme ( froide ) : Un problème grave, il faut descendre.
L’homme : Pas avant que j’aie retrouvé mon huile !
La femme ( ramassant quelques affaires à la hâte ) : Il y a de l’eau dans les ascenseurs !
L’homme ( poursuivant ses recherches vaguement ) : Qu’est-ce que tu racontes ?
La femme ( agacée ) : Je te dis qu’il y a trois mètres d’eau dans les ascenseurs et que si nous ne partons pas tout de suite nous allons mourir noyés !
L’homme ( éclat de rire avec es voix 1 et 2 ) : Noyés ! Il faut toujours que tu dramatises, trois mètres d’eau dans les cabines d’un hôtel quatre étoiles ! Tu es incroyable quand tu t’y mets…Il continue de remuer vaguement des serviettes tout en marmonnant : Peuh, de l’eau dans les ascenseurs ! Trois mètres…Partir…Dramatise, dramatise tout ces bonnes femmes…
La femme( voix aiguë ) : Je ne dramatise pas, il faut sortir, sortir tout de suite, là, là ( elle court ) par la terrasse. L’homme s’arrête.
Les voix 1 et 2 : Houlala par la terrasse ? Mais vous étiez à quel étage ?
La femme ( tenant l’homme par la main monte sur une chaise ) Au deuxième…
Voix 1 et 2 : Mais comment ?
L’homme et la femme : On a sauté…Sans réfléchir…Sauté. ( ils sautent de leur chaise )
L’homme ( transfiguré s’avance vers le public pendant que le femme reste en arrière ) : Et j’ai vu…j’ai vu…Tous ces frigos qui flottaient, c’était hallucinant…Imaginez…Imaginez une centaine de frigos blancs sur l’eau, ventre à l’air comme des bateaux ouverts ( il tourne sur lui-même ) et tous ces minis-bars…Remplis ! Nous, on nageait au milieu
Les deux personnages font le tour de la scène en nageant, grands mouvements de bras, lui souriant, elle plus grave.
Ils n’avaient même pas coulé, c’est fou non ? ( il s’arrête face au public )
La femme : Nager, c’est vite dit…On se cognait partout, tout était si froid, si sombre ( elle frissonne et croise les bras pour se protéger )
L’homme : Surréaliste ! Enfin, on s’en est bien sortis, je me suis accroché à une machine à laver et vogue ( il s’installe à califourchon sur sa chaise et tournera le dos au public pendant que la femme s’avance sur le devant de la scène, l’air égaré )
La femme : Les secours sont arrivés, je ne sais pas au bout de combien de temps, une éternité peut-être ( elle regarde autour d’elle ) Un hélicoptère, une ONG française, je crois, la Croix Rouge alors ?
L’homme ( sans se retourner ) : Mais non, c’était Médecins sans Frontières ! J’ai reconnu…
La femme ( voix aigre ) : Tu n’as rien reconnu du tout, tu étais assommé la tête dans la cuve !
Voix 1et 2 : Eh bien, pour un représentant en textiles, c’est ce qui se s’appelle être lessivé ( rires )
Voix 1 ( méchante ) : Ce n’est pas dans ton livre cet épisode, et tu ne l’as pas dit à Rognon samedi, petit cachottier.
Voix 2 ( même ton ) : Ce sera l’émotion sans doute ? Dame, c’est pas tous les jours qu’on flotte dans un tambour battant ! ( rires )
L’homme ( se redressant, comme piqué, dos au public ) : Il ne m’a rien demandé, et puis on n’est pas obligé de tout raconter. L’important était de présenter notre témoignage sur les événements, d’apporter notre vécu, notre vécu quoi merde ! ( se retournant vers les voix ) Et puis, qu’est-ce que ça peut bien vous faire, vous n’y étiez même pas !
Voix 1 et 2 ( rires moqueurs ) : C’est sûr. On n’a pas le temps et les moyens de partir dans les îles pour rafistoler notre couple qui prend l’eau ( rires ) On travaille nous, on travaille !
L’homme ( indigné ) : Mais moi aussi je travaille ! C’est elle qui a voulu partir.
Voix 1 et 2 : Oh, oh, mais c’est que monsieur le prend de haut depuis qu’il a connu un tsunami ! Sûr que c’est pas à Lesquin qu’on voit un raz de marée, ou alors basse la marée ( rires )
La femme ( abattue ) : Mais on a vu des cadavres, tellement…morts.
L’homme et la femme resteront immobiles pendant l’intervention des voix
Les voix ( excitées, à tour de rôle ) : Nous aussi, dans les magazines ! En couleur, en direct même ! Pas la peine d’aller à des milliers de kilomètres pour vivre des sensations fortes…Suffit de rester chez soi, d’ouvrir…
Voix 2 : Je trouve même que c’est plus impressionnant en image, plus authentique ; quand j’ai vu un bras et un tronc tordus, ça m’a donné la chair de poule, je vous jure, j’en avais des frissons partout.
Voix1 ( battant des mains ) : Moi aussi, moi aussi, partout. Et, tu l’as vue celle du gosse tout gonflé ? J’ai failli pleurer, j’étais pas préparé…
Voix 2 ( plus fort ) : Moi, c’est la femme étendue sur le sable, atroce ! Dans ce maillot de bain…
Voix 1 ( hystérique ) : Ah oui, le maillot de bain !...Elle, violette, le maillot rouge, ça jurait…( un temps ) Pour moi, le pire c’est la photo de la maison détruite, tous ces efforts pour rien.
Voix 2 : Pour rien, la vie n’est pas juste
Voix 1 : Les catastrophes non plus
Voix 2 : En même temps ils construisent un peu n’importe où, faut pas s’étonner…Tout ça pour les touristes hein ? Parce qu’eux, deux planches, un peu de boue et c’est bon…
Voix 1 : Moi je dis que c’est la faute de…Qui s’ennuient l’hiver…Et qui en profitent pour recoudre leur…Au bord de la mer…
Voix 2 : Pas que, pas que…L’hiver oui, mais le dérèglement climatique de l’effet de serre des gaz carbonisés, l’effondrement des banquettes polaires ( les voix ensemble ) la pollution des excès de la vache du Nord arrogant, et la pandémie du terrorisme des mouches secrètes et les moustiques du reste que l’on ne connaît pas, et le reste ! Le reste ! Tout le reste qui reste encore sur nos restes ! ( elles se lèvent, s’éloignent, le couple se lève à son tour, ramasse les feuilles au sol et sort. On entend la Madrague dans le noir.
Décembre 2004, mars, mai, juin, septembre,octobre 2006, février 2007, avril 2010.
Merci aux copains qui ont mis ce texte en bouche, et merci aux lecteurs de Macadam qui le liront peut-être.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Bien apprécié... et recherché une filiation avec ce que je connais. Je tombe sur Ionesco, ou Beckett, ou le Vian des "Bâtisseurs d'empire"...
Swann,
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Faut que je prenne le temps de tout lire...mais je voulais faire un gros bisou à notre Ratoune en attendant ...
...à suivre...
Sylvie
...à suivre...
Sylvie
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Alors là, courage les gars et les filles c'est long !
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Je ne m'attendais pas à ça !
mais finalement, ça te ressemble bien tout ça, cette façon de dénoncer en douceur bien des travers et trucs pourris de notre triste monde.
J'aurais aimé voir ça "joué" sur scene bien sûr...la prochaine fois, invite moi, je suis pas si loin!
mais finalement, ça te ressemble bien tout ça, cette façon de dénoncer en douceur bien des travers et trucs pourris de notre triste monde.
J'aurais aimé voir ça "joué" sur scene bien sûr...la prochaine fois, invite moi, je suis pas si loin!
_________________
LaLou
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Promis Lalou, dès que nous pouvons, je te fais signe.
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Exercice difficile, parce que le sujet est grave ! Et l'humour fou, la légèreté des rescapés et aussi et seulement la bêtise des témoins absents, passifs, comme jaloux de n'avoir pas pu être des héros le jour J, tout cela enfin est fort bien rendu.
Je m'étais essayé à l'exercice avec les éléphants et les requins marteaux, les tortues luth agrippées aux palmiers, le navire amiral, fleuron de la flotte dictatoriale échoué sur son radar à dix kilomètres à l'intérieur des terres !
Dam, ils partèrent à dix...
Je m'étais essayé à l'exercice avec les éléphants et les requins marteaux, les tortues luth agrippées aux palmiers, le navire amiral, fleuron de la flotte dictatoriale échoué sur son radar à dix kilomètres à l'intérieur des terres !
Dam, ils partèrent à dix...
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
ça me fait penser que j'ai entendu parler de voyages à risque pour Bobos en manque d'émotions fortes. Bien sympa, certainement à voir mis en scène.
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Je viens de le découvrir.
Il va falloir que je m'y colle.
Nilo, je reviendrai.
Il va falloir que je m'y colle.
Nilo, je reviendrai.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Je viens d'y revenir (en faisant la lecture à Dédé pour son Printemps de la Prose.
C'est vrai que c'est plutôt long, mais ça mérite amplement qu'on s'y arrête.
Nilo, arrêtez-tout.
C'est vrai que c'est plutôt long, mais ça mérite amplement qu'on s'y arrête.
Nilo, arrêtez-tout.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Grâce au Printemps de la prose, je découvre encore des forums inexplorés...et ça en vaut le coup, notamment pour cette phrase : "Mais on a vu des cadavres, tellement…morts"
si j'osais, je dirais qu'ils m'ont tout l'air exquis, ces cadavres...
si j'osais, je dirais qu'ils m'ont tout l'air exquis, ces cadavres...
Re: Un tsunami qui vous veut du bien.
Je viens de le dévorer d'une traite et je ne regrette rien. J'ai largement apprécié cette dénonciation "en douceur", comme si bien dit avant moi. Je l'ai presque trouvé trop court, moi, ce texte : j'étais lancée pour quelques heures. Ton écriture est vraiment agréable et légère malgré le sujet dans ce texte, ça rend vraiment la lecture attractive.
Merci pour ce bon moment.
Merci pour ce bon moment.
Otter- MacaDeb
- Messages : 7
Date d'inscription : 17/09/2011
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