Belles âmes et mauvaises manières. (Chronicle)

Belles âmes et mauvaises manières. (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: Belles âmes et mauvaises manières.

Dédé: Tiens, celle là de chronicle je vais vous la faire en tout juste deux mille cent mots (ouais, deux mille cent, et si vous auriez préféré un compte rond c'est pareil, ce sera deux mille cent, ni plus ni moins). C'est pas qu'j'ai rien à vous dire, vous m'connaissez, j'suis plutôt bavard et pas l'dernier pour dire des conneries. Enfin, c'que vous prenez pour des conneries, genre "Dédé y nous gonfle avec son poker et ses gonzesses, y fait rien qu'à parler d'cul et jamais y dit des choses profondes". Ben si parler d'cul c'est pas dire des choses profondes c'est qu'vous avez rien compris à c'qui mène le monde. Et y s'trouve que moi le monde, à force de l'défaire et d'le refaire avec Papy, j'le connais comme si j'l'avais fait et j'vous l'dis : le cul c'est autrement plus important qu'les révolutions de jasmin qui sentent pas la rose.

Dédé: Ca c'est dit. Comme ça mes potes de Barbès y pourront pas la ram'ner et m'faire chier pasque soi-disant j'm'intéresse pas à c'qui s'passe chez eux. C'est pas que j'm'en tape de c'qui s'passe chez eux mais j'préfère être au fait de c'qui s'passe chez moi. Pasque j'les connais mes potes de Barbès, si j'leur laisse la bride sur le cou et que j'quitte un peu trop des yeux la porte de mon clandé y vont pas mettre longtemps à s'y engouffrer, à taper dans ma caisse et à s'taper mes nanas. Et j'suis pas vraiment partageur avec mes affaires intérieures, alors leurs affaires étrangères elles portent bien leur nom, elles me sont étrangères. Pour moi c'qui compte c'est la bonne santé d'mon p'tit commerce et même si c'est les cordonniers les plus mal chaussés j'préfère avoir des trous dans mes charentaises que d'devoir enfiler des babouches importées en fraude. J'suis comme Papy, mes babouches j'vais les acheter sur place même si le ticket d'bus coûte un peu plus cher pour aller au souk de Marrakech qu'aux puces de Saint-Ouen ou à Belleville. Au moins j'ai l'impression de faire plus travailler l'artisanat local que les passeurs qui passent pas qu'des babouches et qui encombrent les trottoirs et les rues de la Goutte d'Or avec leurs sacs et leurs salamalecs. Sans compter qu'y z'ont parfois tendance à s'faire prier pour laisser passer les keufs qui leur courent après pour leur confisquer leur tabac de contrebande et c'qui mettent dedans.

Dédé: Donc j'vous disais qu'j'avais pas rien à vous dire, et pas non plus qu'des conneries. Va bien falloir que j'commence sinon vous allez pas m'croire. Ouais, j'vous connais, y en a déjà qui commencent à s'dire, y ferait mieux d'nous parler d'cul que de se mêler de politique étrangère. Vous m'connaissez, faudrait pas m'pousser beaucoup pour qu'j'vous en cause de cul. Mais aujourd'hui c'est pas mon propos. Alors cherchez pas à m'faire sortir à la fois de mes gonds et de mon propos. Pasque pour les gonds c'est pas loin d'être fait quand j'lis la presse. Ouais, je sais vous lisez jamais la presse, vous r'gardez pas la téloche et vous écoutez que France Culture pour pas prendre le risque d'avoir à prendre position. Je citerai pas mes sources (vous les connaissez) pour pas faire de pub à Libération mais y a quand même de quoi me faire sortir de mes gonds tout en gardant un œil sur la porte du clandé, rapport à mes potes arabes qui y installeraient volontiers leurs "frères" clandestins arrivés la s'maine dernière, j'vous raconte pas les emmerdements qu'ça m'vaudrait.

Dédé: Alors pour pas dire que des conneries et parler un peu d'autre chose que de cul et de gonzesses je vais vous parler politique. Ca vous amuse pas non plus ? Et alors, faut vous parler de quoi pour avoir une chance de vous intéresser ? De vos fesses ? De vos magnifiques poèmes (j'dis ça pour les poètes) ? De votre boulot qu'vous allez perdre (j'dis ça pour ceux qu'en ont un) ? De votre retraite que vous prendrez quand Papy s'ra mort (j'dis ça pour ceux qu'ont moins de quarante balais) ? Du prix d'l'essence ou des légumes verts (j'dis ça pour ceux qu'en mangent mais y sont moins nombreux qu'ceux qui roulent à la gazoline) ? De toute façon je m'en tape, vous suivez déjà plus, tout c'qui vous intéresse c'est qu'on vous parle de vous et j'ai pas envie d'vous parler d'vous, j'préfère vous parler d'moi ou d'Papy, et là tout de suite j'ai décidé d'vous parler d'politique.

Dédé: Ouais, pasque quand même. Vous avez vu que Benoît Hamon (Papy il a un pote poète qui s'appelle Benoît Hamon mais c'est pas l'même) le "porte-parole" des socialistes il avait écrit son intervention qu'il a fait suite à l'allocution du Président avant qu'le Président y cause. Ca vaut son pesant de cacahuètes ça quand même. Et c'est ça que les socialistes y z'appellent faire de la politique. La politique du malade imaginaire, de celui qui crie avant d'avoir mal. De celui qu'a même pas peur d'entuber ceux qui l'écoutent ni de les prendre pour des cons tellement il est abruti et persuadé qu'il a forcément raison à force de dire que tous les autres (et surtout le p'tit Nicolas) ont tort. Je sens qu'ça va être mon nouveau meilleur ami celui-là, surtout qu'l'ânesse du Poitou s'essouffle un peu en ce moment et que même si elle dit toujours des conneries elle est même plus amusante. Dans la connerie faut être grand aussi pour tenir le peuple en haleine, et elle elle devient toute petite. J'vais m'intéresser au p'tit jeune qui monte : Benoît Hamon, porte-parole du parti socialiste. Ah j'vous jure c'est pas Saint Paul, et ses lettres aux crétins du canal écrites sur un coin de table de la rue de Solférino elles resteront pas dans l'histoire. A mon avis il est pas prêt de trouver le chemin de Damas cui-là. Pourtant en ce moment, avec tout c'qui s'passe dans le monde arabe y doit bien être fléché le chemin de Damas. Un peu trop peut-être y doit se dire El Assad, le patron de la Syrie, qui voit arriver une sorte de déferlante depuis la Méditerranée qui va lui tomber sur la gueule après avoir enjambé le Liban, Israël et la Palestine (des petits pays qu'il aurait bien voulu voir disparaître et intégrer dans une grande Syrie qu'aurait été le dernier rempart contre les croisés occidentaux venus siroter le pétrole des pauvres arabes qu'ont jamais vu la couleur des pétrodollars). J'suis pas sûr qu'elle fasse pas un peu des dégâts collatéraux la vague en question, genre coupure internet et morts sur le tarmac, mais ça changera pas grand-chose à l'état de fait des états policiers.

Dédé: Donc j'en étais à Benoit Hamon et à son discours préparé la veille. Ca fait pas sérieux quand même. Un peu comme si le curé y filait sa pénitence à Papy en même temps qu'l'absolution sans même l'avoir entendu en confession. Bon d'accord, c'est pas forcément un bon exemple pasque le curé depuis l'temps qu'y connaît Papy et ses péchés il a une liste toute prête (gonzesses, poches percées, gros mots, fausses déclarations d'impôts…) et même s'il l'entend pas en confession y peut lui filer sa pénitence. Mais y s'trouve que le curé de Papy il est consciencieux (c'qu'est bien le moins qu'on puisse lui demander) et qu'il l'écoute avant de le pénitencer et de l'absoudre. Ben l'autre non ! Le porte-parole y parle avant d'avoir entendu (j'dis pas écouté pasqu'il écoute jamais c'que disent les autres, surtout si y sont pas de son bord). Il a une parole toute faite genre pensée unique (si on peut appeler ça pensée) qu'y ressert à toutes les sauces un peu comme y mettrait des merguez dans le cassoulet ou des saucisses de Toulouse dans le couscous. Vous voyez quand même que moi, contrairement à lui je tiens mon discours dans les brancards de mon propos, je parle depuis le début de Papy, de mes potes de Barbès et des soubresauts du monde arabe alors je vous fais une parabole couscous merguez que je mets finement en relation avec un cassoulet aux saucisses de Toulouse. Rien ne peut me faire sortir de ma ligne dialectique. C'qu'est pas le cas de tout le monde.

Dédé: Pauvre PS, déjà qu'y sont un peu nombreux à vouloir être calife à la place du calife et qu'y causent tous ensemble, celui qui devrait unifier tout ça y cause avant même que les arguments de sa réponse aient été exposés par celui qu'il est chargé de contrer. Il a rien compris à son job le mec. C'qu'est assez fréquent chez les socialistes, je vous l'accorde mais lui il est chef d'escadrille chez les cons qui volent en rase-motte au-dessus du marigot bobo qui s'étale de la Grand Place de Lille jusqu'à la place Djemaa el Fna à Marrakech, soit de l'aile gauche de la patronne Martine Aubry à l'aile droite du patron DSK, qui eux avaient prévus les soubresauts dont je vous entretenais plus haut puisqu'ils nous la jouent trans-méditerranéenne. Une nouvelle version du classique gaullien "de Dunkerque à Tamanrasset" qui en d'autres temps d'une vraie vision politique avait défrayé la chronique et agité le microcosme SFIOiste. Là tout c'qu'y z'ont à nous servir c'est un argumentaire de deux sous qu'est écrit une fois pour toute par un porte-parole qui sait ni écrire ni parler. Pour ruer dans les brancards il est fort mais pour susurrer des mots doux il a encore du ch'min à faire avant d'nous séduire par la finesse de son discours et la délicatesse de ses attentions. Elles ont pas vraiment de belles manières ces belles âmes qui viennent parler à l'oreille des chevaux de retour. Ouf ! Fallait quand même bien qu'à un moment ou à un autre je r'tombe sur les pattes de mon titre. Putain, j'suis vachement content de pas être socialo moi (mais ça j'pense que vous l'saviez déjà), comme ça j'suis pas obligé d'applaudir ne serait-ce que d'une main aux conneries déblatérées (c'est pour rester dans le champ sémantique de mon propos) par un ancien jeune socialiste qu'aurait mieux fait d'aller à l'école que de distribuer des tracts crasseux sur les marchés du XVième.

Dédé: Et tout ça façon donneur de leçon. Faut dire qu'y z'ont pas grand-chose d'autre à donner pasque les grandes idées généreuses dont y s'réclament y a belle lurette qu'elles ont montré leur inefficacité et les limites de leur faisabilité. Alors, à défaut de faire y causent. Dans le vide des meetings, le vague du programme, la faiblesse des arguments et l'absence d'idées d'accord, mais y causent. Ah c'est vrai que pour parler y sont plutôt fort. Y a deux choses dans lesquelles y sont fort au PS, c'est parler pour ne rien dire et se faire des crasses entre eux (même que pour ça y ont les moyens de donner des leçons, même qu'y en a trois ou quatre de l'autre côté qu'ont du assister à des séminaires chez eux, j'donnerai pas de noms mais Bayrou ou Villepin j'suis sûr qu'y z'ont au moins eu des copies des supports de cours si y z'y étaient pas en personne.

Dédé: Bon, j'vais arrêter d'vous parler du PS, j'voudrais pas qu'ça vous donne de bonnes raisons de pas venir me lire, c'que j'comprendrais un peu pasque lire un ours en peluche de droite qui se moque des marionnettes de gauche ça fait un peu Muppets show et vous avez passé l'âge de ce genre de truc depuis que vous vous êtes fait vacciner contre les atteintes aux droits de l'homme de l'autre côté de la Méditerranée et que vous vous nourrissez de laïcité bien apprise au fronton de la République pendant que d'autres se mouchent (à tout le moins) dans le drapeau tricolore tout en faisant la queue aux guichets de la sécu et des allocs. C'est vrai que vous êtes gavés de bonnes intentions, j'vous lance pas la pierre, mais en même temps j'peux pas décemment vous confondre avec Marie-Madeleine, alors vous comprendrez bien qu'y faille que je vous quitte sur ces belles paroles et que je vous laisse à vos contradictions, mes potes m'attendent à Barbès, les bars à putes vont bientôt ouvrir et j'ai autre chose à foutre que de vous parler d'affaires étrangères et de politique intérieure et surtout d'autres chattes à fouetter.

Dédé: Surtout qu'en plus elles ont de belles âmes, même si elles ont aussi de mauvaises manières.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.

On a de la chance sur Macadam d'avoir un porteur de carte de presse qui sent venir les soubresauts du monde et les annonce avant tout le monde, ce dont tout le monde se fout.
Il faut dire que son expérience combinée de globe-trotteur qui a traîné son cul sur tous les tabourets de bars mal famés du monde et de tenancier de clandé à Barbès le met au plus près des évènements et qu'il sait se mettre dans le sens du vent, ce qui n'est pas le cas de bien des journalistes qui n'ont jamais posé leur cul ailleurs que dans le fauteuil de leur bureau. Et qu'il soit bien entendu que je ne mets pas dans le même panier les correspondants de guerre qui, même pour les femmes qui le sont, exposent un peu leurs couilles dans des pays où on les leur couperait volontiers.