Le stylo et l'épée

Le stylo et l'épée

(Illustration du piège)

Le stylo est plus fort que l’épée
Elle,
Le clavier est posé devant moi
Vous qui n’êtes
La scie attend son bout de bois
Pas net
Et la mer descend sur la grève
Ne pouvez admettre
Laissant algues et débris végétaux
Comme une allumette
Lames de scies et stylos
Qui fait la navette
Bout de doigt
Entre deux planètes.
Une vague interstellaire
Qui ?
À soulevé du fond de sable
Ma ninette
Une éponge
Volait hollé crêtes
Un bout d’algue dressé
Au vent d’Est
Bat au vent comme un fanion
Pour faire des claquettes
La vague suivante a amené
Au nez de la tempête
Immobile, une étoile rouge
Quand
Un autre rouleau
L’âme bête
A échoué
Ou nette
Près du stylo
Se fait la belle
Un test d’oursin
Reste ma ninette
Que l’éponge en roulant
Qui danse
A écrasé... Et chante “Hollé crêtes !”

Le stylo est plus fort que l’épée
Le clavier est posé devant moi
La scie attend son bout de doigt

Considérer que c’est partout chez soi
Qu”il n’y a pas la primeur d’aucune âme qui vive
Qu’il n’y a que l’amour qui compte
Celui qu’on donne sans partage
Qu’on voue sans limite à la terre entière,
Ce n’est pas pour moi.
Car je ne peux me ranger derrière le Messie
Pour sauver mon âme
Quand des gens meurent
Pour sauver leurs biens du mal
Il n’y a pas de fatalité
Il y a seulement des fautes
Des chemins détournés
Des routes sales et goudronnées
Engourdissent ma dignité
Figeant dans un magma noir mon esprit
Des routes qui ne mènent plus nulle part.

Stylo est plus fort que l’épée
Le clavier est posé devant moi
La scie attend son bout de bois

S’enticher, s’emballer, se toquer
Pour une pierre taillée
Merveilleusement façonnée
Luisante de clarté
Facile à briser
Après s’être tachée de ridicule
La tête engoncée dans les épaules du diable
Le coup brisé pour stopper les facéties
Stopper l’hémorragie
Contagieuse égérie
Qui pour sa survie
Envoute mon esprit
Me voit maudit
Et démuni
L’objet du délit
Aujourd’hui
Est ici
Enfoui
Sous un magnas gris.

Quand la place pavée
Devient un sol miné
Privant l’humanité
D’un rêve de clarté


Car le rêve est bafoué
Interdit
Des Dieux de l’Élysée
<< Autre priorité... ! >>
Stylo plus fort que l’épée
Reste stylo
À l’encre rouge
Le sang de la révolte
La révolte des prisonniers de l’Ancien Temps.

Chemin détourné
Ligne brisée
Que celle des joints
Mille fois brisée
Inspire à nouveau Dieux
Cet homme simple et serein
Qui voyait la vie
Comme un grand vaisseau
Devenu fantôme

Songe odieux !

Songe aux Dieux de jadis
Qui volaient sans dossier
Éjectés aujourd’hui
Dans les règles de l’art
De l’Airbag de série

Mon Dieu est une statue
À corps de sang et à tête de pierre
Un corps sans forme
Une âme en forme
De pierre.


Dam.

pourquoi une tristesse dans ma lecture
aprés tout, une belle fleur !

"Considérer que c’est partout chez soi
Qu”il n’y a pas la primeur d’aucune âme qui vive
Qu’il n’y a que l’amour qui compte
Celui qu’on donne sans partage
Qu’on voue sans limite à la terre entière,
Ce n’est pas pour moi.
Car je ne peux me ranger derrière le Messie
Pour sauver mon âme
Quand des gens meurent
Pour sauver leurs biens du mal
Il n’y a pas de fatalité
Il y a seulement des fautes
Des chemins détournés
Des routes sales et goudronnées
Engourdissent ma dignité
Figeant dans un magma noir mon esprit
Des routes qui ne mènent plus nulle part."

Que dire si ce n'est que ce passage est vraiment très fort.

L'ensemble du poème est fort aussi mais là, j'ai vraiment ressenti quelque chose de puissant même si la tristesse est bien présente.

Poème où j'ai senti comme les autres une tristesse ; s'y mélange aussi un élan, qu'on sent presque incontrôlable, une profusion de choses à dire, sous plusieurs formes, à différents niveaux.

Je suis resté un peu englué au début dans la juxtaposition des différents vers, mais le reste me parle, même si je ne partage pas ce qui finalement ressort. Cette vision où l'amour inconsidéré n'aurait pas sa place, où le 'Dieu' (quel qu'il soit) n'est plus qu'une 'pierre', ne me conviendrait certainement pas.

Reste que l'amour universel (est à défendre) reste un mythe et qu'à son origine est la lucidité. Peut-être ce texte est de cette lucidité-là, nue, et aride.

Z.