Zestes (épilogue)

Au seuil de l'Eternité,
Le mystère de la Présence.

*

Je perds peu à peu le masque du civilisé.
Quand il sera définitivement tombé, l'éveil sera criminel.

*

Le poème se doit d'être criminel.

*

La planète Terre vivra malgré la mauvaise volonté des Hommes. Elle porte en son sein l'antidote essentiel à sa survie : La régénération spontanée de ses forces et de ses formes.

*

Toujours lointaine est la Vie
lorsque l'on s'acharne à mépriser l'Amour.

*

Celui ou celle qui voit le monde avec des yeux d'enfant est en constante révolution physique et psychologique.

*

Modernité

L'Age d'or pulvérisé
L'esprit originel fut saisi
L’humanité devint spectacle minable

*

        *Défense urbaine          

Dans le gouffre étourdi
De leurs doux songes
Sur des tourelles blindées
Dézinguant leurs cités moribondes
De jeunes gens cagoulés
Martyrs volontaires
Mitraillent à cris perdus
Les colonies ennemies postées
Au cœur de leurs frontières

*dédié au peuple de Libye
qui résiste encore à l'invasion des forces de l'OTAN.

*

Si l'on veut préserver la Terre un minimum,
il est souhaitable de s'occuper de l'Homme avant tout.

*

Vol

Quelqu'un
Quelque part
Quelqu'un au hasard
A brûlé l'étendard
De l'Amour et des Arts

*

La pensée ne doit pas étouffer le rêve.
Le rêve a pour seule vocation d'éclaircir le cœur.

*

L'émergence d'une jeunesse terrible, sauvage au cœur d'une société décadente
est le signe annonciateur de sa désintégration imminente.

*

Futur

Océan résiduel
Des peuples bioniques

Impossible de s'y baigner
Sans armure spécifique

Impossible d'y croiser

Une pieuvre
Une raie
Un dauphin magique

*

Le Bois des fées

Nous ne marcherons plus
Dans le bois des fées

Nous tituberons nus
Sur la toile sanglante
Des filles de l'Araignée

Nous ne chanterons plus
Dans le bois des fées

Cyborgs synthétiques
Pucés de la tête aux pieds

Nous évoluerons sourds 
Dans d'immenses serres
Où s'éternisent les pleurs
Des veuves tourmentées

*

Au cœur de nos paumes glacées
Le sang des étoiles    
La signature cosmique de l'Univers

*

Evasion

laissez-moi toucher
des yeux
l’infinie solitude
des cieux

laissez-moi humer
sans crainte
le parfum de la terre
et du feu

laissez-moi contempler
le grand fleuve irisé
   quand les lunes d’argent    
sont au plus haut

laissez-moi caresser
l’arc-en-ciel étoilé
au pied de ces volcans
balayés par les eaux

oh laissez-moi parcourir
les forêts de l’exil
où chantonnent candides
les fantômes de l’amour

oui laissez-moi m’étourdir
dans les bras des Sibylles
et nager jusqu’à l’aube
vers la baie de Collioure

*

Dernières danses

tu n'as pas compris mes silences
déjà le cortège funeste s'éclipse
mais il te reste les danses
de l'aventurier des solstices