Lettre morte.

Je t’aime. Je t’aime grand comme ça. Je t’aime sans agents de douane aux frontières.
Je t’aime pour de vrai. Je t’aime la nuit quand je rêve aux dinosaures qui me poursuivent. Je t’aime quand je titube en me levant, je t’aime quand chacune de mes céréales a la forme de ton visage. Quand je lace tes cheveux dans mes chaussures le matin. Quand je brosse mes dents et qu’elles ne brillent que pour toi.
Je t’aime d’amour. Mon visage n’est plus rien d’autre que la trace de tes mains. Mes mains sont devenues plumes. Je t’aime gros. Je t’aime dur et doux, glaçage et moelleux. Je t’aime coussins, baisers, grasse matinées éphémères.
Je t’aime sans raisons. Sans questions. Sans pourquoi ni parce que. Je t’aime contre, je t’aime contacts, je t’aime collés. Je t’aime quand je sens ton cou sourdre sous les caresses.
Je t’enveloppe. Je t’aime cocon, bulle et nid.
Je t’aime folie. Je t’aime démesure, avion, éclat de rire et volcan. Je t’aime dingue, quand je voudrai mordre, manger tes formes, couler rien qu’un peu dans ton sang, plonger ma tête au creux de ton ventre et m’y oublier.
Je t’aime colère, cris et rage. Je t’aime coups, terreur, oui et non. Je t’aime retrouvée, tremblante, suppliante, fragile, oiseau, mitochondrie, poussière d’amour.
Je t’aime un, ni toi ni moi. Je t’aime rivière, fusion, racines, osmose. Je t’aime nature, avec ces fleurs rouges dans tes cheveux qui sont ma forêt lointaine. Je t’aime loin, bouts de doigts tendus, aiguillon frêle, lien métaphorique.
Je t’aime faux. Je t’aime pour aimer, je t’aime pour la vie qui passe trop vite. Oubliée, aventure grotesque, amour vomi, larmes, mouchoirs, bras détestés, ignorance, vacances à la mer, trente ans après, marié, deux enfants, cadre, heureux, résidence secondaire, vélos, balades en forêt.
Je t’aime encore.


Z 28 03 07

excellent, vraiment. sublimer avec la simplicité

..et comme on aime quand t'aime comme ça!

Je ne sais qu'en penser.
Cette profusion de "je t'aime" me gène. Je sais bien que c'est voulu de ta part (je ne te ferai pas l'injure de penser que tu ne l'aurais pas voulue et maîtrisée).
Me gène parce que ce que tu dis, hormis ces "je t'aime" est suffisant pour l'exprimer.
Ceci dit, que de belles images et comparaisons...

Nilo, facteur infernal.

quelle est belle ta lettre, Z !
comme j'aurais aimé en recevoir une comme ça !!!
Yzaé

C'est en tout cas l'impression que me laisse ma lecture : ces histoires sont des essences rares, des huiles essentielles à nos rouages d'humains autant en devenir qu'en perdition. Grandir de nos amours est sans doute impossible. Est-ce un mal ? Aimer "encore" ? Et comment de plus aimer...

Une lettre pour la fin de semaine, de semailles et de moissons d'amour, pourquoi pas ?

Mais sacré talent, j'en reste bouche bé, quand on sait que tant d'autres sont pragmatiques, scientifiques, englués dans des pensées qui n'effleurent jamais réellement le psyché ... Alors chapeau et bien évidemment, Merci ...

Merci d'abord à toi, Batsie Et aux autres, qui ont la gentillesse de toujours prendre un peu de temps pour me lire.

Z.

une lettre d'hier en echo à des mots d'aujourd'hui.

Je sais que le texte date un peu maintenant, mais je me dis que c'est toujours agréable de recevoir des commentaires, quitte à relever un sujet qui a quelques mois d'âge.

J'ai tout particulièrement aimé l'image "Quand je lace tes cheveux dans mes chaussures le matin.", je n'y aurai jamais pensé, mais c'est délicieux.

Oui, ça fait toujours autant plaisir! Merci Otter.

Z.

Et moi, j'aime tout court. Bravo !

Idem. C'est beau d'aimer comme ça ^^

C'est sût qu'avec des lettres pareilles, les nanas elles vont s'en faire des swings d'ovaires et des remonte culottes.

J'ai pas aimé les premières phrases, mais à partir de ça "Je t’aime sans raisons...", bon sang !

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Neuvième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.